
Les opticiens en mode IA
Rappelez-vous, nous étions en 2012 avec l’arrivée des premières lunettes connectées, une révolution technologique à la fois fascinante et intrigante, mais finalement inachevée : un flop commercial. Pour autant l’interaction homme-machine via des lunettes demeure un axe de recherche plus que jamais ancré dans le présent et le futur avec désormais l’intégration de l’intelligence artificielle (IA) qui permet d’interagir avec l’environnement vu et dans le même temps de proposer des fonctions/actions diverses. Dans mon prochain livre, Les lunettes de Sapiens : la véritable histoire de la vue et des lunettes*, je consacre un chapitre entier à l’IA qui, dans le domaine de l’optique-lunetterie, est en passe de modifier l’usage des lunettes et par extension, le métier des opticiens qui ne doivent pas ignorer ce bond technologique en le cantonnant à un usage récréatif.
L'IA générative, qui utilise des modèles d'apprentissage profond pour analyser de grandes quantités de données et générer du contenu en fonction des instructions données par l’usager, entre en force dans les aides visuelles comme AiSee ou Seekr destinées aux personnes malvoyantes pour "voir" des objets proches, reconnaître des visages, décrire des scènes, se déplacer, traduire, etc., le tout de manière autonome. L’IA est alors un cerveau auxiliaire qui, par apprentissage, peut apporter des réponses adaptées aux personnes malvoyantes et non-voyantes.
Interrogé par Sciences & Avenir en juin 2025, Robin Le Gal, cofondateur d'Ezymob, une startup dédiée à la mobilité de tous les publics, constate que « l'IA permet de reproduire tous les traitements d'images que le cerveau réalise ». Il ajoute que l’utilisation de l’IA facilite ainsi la lecture de sigles et d'enseignes dans la rue. « S'il y a écrit "pharmacie" sur la façade d’un magasin, l’appareil va lire "pharmacie" : une fonctionnalité très attendue par les personnes non-voyantes », selon Robin Le Gal. Pour ne pas laisser le monopole de l’IA aux mains d’acteurs qui ne soient pas des spécialistes de la vente de produits en optique-lunetterie, les opticiens ont intérêt à intégrer ces technologies dans leur offre et ainsi élargir leur champ de compétences. EssilorLuxottica, précurseur avec ses Ray-Ban Meta et Oakley Meta pour voir au-delà de la vue avec des contenus audio et vidéos enrichis à l’IA, devraient les y aider, en attendant que d’autres lunetiers et verriers s’emparent du sujet, en bonne intelligence.
* Publié aux éditions L’Harmattan, en libraires le 6 novembre 2025.
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