Un amendement récemment adopté dans le cadre de l’examen du projet de loi visant à simplifier la vie économique prévoit la dissolution du Comité de suivi du 100 % Santé. Depuis 2019, il était censé évaluer mais aussi accompagner l’évolution des contours de la réforme. De quoi sa disparition programmée est-elle le signe ? La Fédération nationale des opticiens de France nous livre son point de vue.

Nous avons sollicité les syndicats d’opticiens pour connaître leurs positions respectives à propos de la dissolution annoncée du Comité de suivi du 100 % Santé. Et c’est la FNOF qui, la première, nous a communiqué sa réponse*. « Est-ce une bonne ou une mauvaise chose ? Dans la mesure où rien n’était réellement attendu pour l’optique qui servait de variable d’ajustement économique aux deux autres secteurs, audio et dentaire, on ne peut pas évaluer cette décision sous ce prisme », explique d’entrée de jeu Hugues Verdier-Davioud, son président. « Nous pourrions le regretter si ces occasions de se rencontrer avaient par ailleurs servi à faire avancer d’autres dossiers que la filière souhaitait voir abordés, mais sans surprise, ça n’a pas été le cas. » Il faut préciser en effet que les réunions dudit comité, installé à l’origine (début 2019) par la ministre de la Santé Agnès Buzyn, étaient de plus en plus espacées ces derniers temps, et que l’ordre du jour n’y faisait pas toujours, loin s’en faut, l’unanimité.

Au-delà de l’apport concret, très maigre à ses yeux, de ce comité, Hugues Verdier-Davioud entend surtout élargir la focale : « La question est de savoir ce que ce décret révèle de plus profond. Ils enterrent l’ère Macron et l’avenir de sa seule politique sociale. Et ils le font savoir. Il faut rompre, nettoyer le terrain et faire place nette pour ceux qui, demain, prétendent venir se présenter en sauveurs du système de santé. L’échiquier des prochaines élections se met en place. La récente position de la Mutualité, très en avance au regard de l’agenda, en est la preuve », tient à souligner le président de la Fédé qui fait ici allusion à la proposition de la Mutualité Française de passer le délai de remboursement des lunettes de deux à trois ans… Bref, selon la FNOF, les grandes manoeuvres des uns et des autres - gouvernement, parlementaires, Ocam - ont commencé en vue, à court terme, du projet de loi de financement de la sécurité sociale mais aussi, et peut-être surtout, dans la perspective plus longue de la prochaine échéance présidentielle, en 2027. Il faut bien avoir à l’esprit que bien des parlementaires de la majorité actuelle réfléchissent à une révision du contrat responsable dans le cadre, pour l'après-Macron, de ce qui pourrait être une future grande loi sociale…

Hugues Verdier-Davioud reprend son raisonnement global : « Aucune mesure ne peut rester sans suivi, parce que les besoins des Français perdurent, et évoluent. Les attentes d'hier, qui n’ont jamais été prises en compte, vont bien devoir être traitées. Les Français l’attendent, et ils savent que nous sommes au coeur de la prise en charge de la santé visuelle. À nous d’être à la hauteur. À défaut, certains acteurs de la filière pourraient être tentés d'influencer les politiques, avec ceux qui, paradoxalement, jouent leur propre survie à nos dépens », martèle le syndicaliste, qui pointe ici industriels et enseignes nationales d’une part et réseaux de soins d’autre part. Le porte-voix de la FNOF se dit convaincu que la distribution a une carte à jouer, que la profession est une fois de plus à un tournant : « La filière veut-elle, oui ou non, s’émanciper définitivement des réseaux ? C'est ça, encore et toujours, la vraie question. » Pour Hugues Verdier-Davioud c’est évidemment oui ; mais pour les autres ? Il s’interroge.

* Également contacté, le Rassemblement des opticiens de France (ROF) n’a pour le moment pas donné suite.


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